Campagne de détection du myriophylle à épis à Nominingue
Mise en contexte
Dans le cadre des efforts de préservation des écosystèmes aquatiques, la municipalité de Nominingue a mandaté l'Organisme de bassins versants des rivières Rouge, Petite Nation et Saumon (OBV RPNS) pour mener une campagne de détection du myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum) au courant de l’été 2024. Cette plante aquatique exotique et envahissante représente une menace importante pour les milieux aquatiques, car elle altère les habitats indigènes, nuit aux activités récréatives et complique la gestion des plans d'eau.
Qu'est-ce qu'une plante exotique envahissante (PEE)?
Une plante exotique est une plante qui a été introduite volontairement ou accidentellement par les humains sur un territoire à l’extérieur de son aire de répartition naturelle, contrairement à une espèce indigène qui elle s’y est établie naturellement sans intervention humaine.
Une plante est considérée envahissante si elle se répand rapidement dans un milieu en raison d’une croissance rapide et si elle produit des populations denses. C’est en raison de ces caractéristiques qu’elle devient rapidement l’espèce végétale dominante au détriment des autres espèces, ce qui réduit la disponibilité des habitats pour la flore et la faune locale.
C’est également pourquoi l'envahissement par les espèces exotiques est reconnu comme l’une des principales causes de l'effritement de la biodiversité dans le monde, car ces espèces causent des dommages parfois irréversibles aux écosystèmes et peuvent même mener à l’extinction d’espèces.
Myriophylle à épis
Le myriophylle à épis est une plante aquatique qui croît sous l'eau. Ses feuilles plumeuses se divisent en plus de 12 segments, contrairement aux espèces locales qui en possèdent moins de 11. Cette plante est souvent trouvée dans des profondeurs allant de 1 à 3 mètres (~3-10 pieds) dans divers plans d'eau comme les lacs, rivières et étangs, mais peut également atteindre jusqu'à 10 mètres (~33 pieds). Elle s'adapte tant aux eaux acides qu'aux eaux alcalines et produit des petites fleurs rougeâtres en juillet et août, sur des tiges rouges entremêlées.
En formant des tapis denses, le myriophylle à épis évince les plantes indigènes, diminuant ainsi la diversité biologique et consommant l'oxygène nécessaire à d'autres espèces aquatiques lors de sa décomposition. Il représente également un risque pour les moteurs de bateaux, perturbe les activités de pêche et de baignade, et favorise les habitats de moustiques.
La prolifération du myriophylle à épis se fait principalement par la fragmentation de ses parties et par le rejet accidentel de végétaux ou d'animaux d'aquarium. Pour limiter sa dispersion, il est recommandé d'éviter de naviguer dans les zones affectées, de bien nettoyer les équipements récréatifs et de ne pas déverser ou composter les plantes d'aquarium non désirées.

Objectifs du projet
La municipalité de Nominingue a mandaté l’OBV RPNS pour réaliser une campagne de détection ciblée du myriophylle à épis, une plante envahissante particulièrement problématique. Cette initiative s’inscrit dans une approche préventive visant à préserver la qualité des écosystèmes aquatiques locaux et à mobiliser la communauté autour de leur protection.
La campagne avait pour objectifs principaux :
Acquérir des connaissances sur l'étendue de l'envahissement du myriophylle à épis dans les plans d’eau ciblés à Nominingue (Grand et Petit Lac Nominingue, Ruisseau Jourdain)
Évaluer les impacts écologiques et socio-économiques potentiels de cette espèce sur les milieux aquatiques et leurs usages
Proposer des stratégies initiales de gestion et de sensibilisation, afin de limiter la propagation de la plante et d’outiller les acteurs locaux pour une réponse efficace
Phases de réalisation du projet
Le projet de détection du myriophylle à épis à Nominingue, mené à l’automne 2024, s’est déroulé en plusieurs phases, chacune contribuant à dresser un portrait clair de la situation et à orienter les actions futures.




1. Planification et préparation
L’équipe de l’OBV RPNS a d’abord procédé à l’identification des plans d’eau à cibler, soit le Grand et le Petit lac Nominingue ainsi que le ruisseau Jourdain. Une méthodologie adaptée a été élaborée, combinant observation visuelle et cartographie GPS. L’équipe de terrain a été formée pour assurer une détection efficace et rigoureuse.
2. Réalisation de la campagne de détection
La campagne s’est déroulée sur le terrain à l’aide d’embarcations légères (kayak et chaloupe), permettant l’exploration des zones littorales, des baies peu profondes et des secteurs à risque. Chaque observation a été géolocalisée à l’aide d’un GPS, afin de documenter la présence (ou l’absence) du myriophylle à épis dans les milieux étudiés.
3. Analyse des données et cartographie
Les données recueillies ont été analysées pour évaluer l’étendue de l’envahissement. Aucune présence de myriophylle à épis n’a été détectée dans le Grand et le Petit lac Nominingue. Des cartes ont été produites pour illustrer ces résultats.
4. Recommandations et sensibilisation
À la lumière des résultats, des recommandations ont été formulées. Celles-ci incluent des mesures préventives (nettoyage des embarcations, installation de barrières flottantes) et des actions de sensibilisation auprès des riverains et usagers. Ce projet a également mis en lumière l’importance de maintenir une surveillance continue pour assurer la protection durable des écosystèmes aquatiques de Nominingue.
Références
Gagné, V. (2021). Planification d'une stratégie de lutte contre le myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum). Université Laval.
Grace, J. B., & Wetzel, R. G. (1978). The production biology of Eurasian watermilfoil (Myriophyllum spicatum L.): A review. Journal of Aquatic Plant Management, 16(1), 1-11.
Hartleb, C. F., Madsen, J. D., & Boylen, C. W. (1993). Environmental factors affecting seed germination in Myriophyllum spicatum L. Aquatic Botany, 45(1), 15-25.
Jacob-Racine, R., & Lavoie, C. (2018). Reconstitution historique de l’invasion du Québec par le myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum). Le Naturaliste canadien, 142(3), 40-46.
Lavoie, C. (2019). 50 plantes envahissantes: Protéger la nature et l'agriculture. Les Publications du Québec.
Levac, E., Courtemanche, B., & Martel, J.-F. (2022). Contrôle des PAEE dans les lacs de l'Estrie: Une méthode efficace pour le myriophylle à épis. Vecteur Environnement, 55(2), 24-25.
Michon, G. (2015). Contrôle du myriophylle à épis (Myriophyllum spicatum) par l’utilisation de toiles de jute au lac Pémichangan. Rapport final présenté au Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
Nadeau, V., Laniel, M., & Léger, A. (2017). Détection et identification des plantes aquatiques exotiques et indigènes dans les lacs de la MRC d'Argenteuil.
Patten Jr, B. C. (1956). Notes on the biology of Myriophyllum spicatum L. in a New Jersey lake. Bulletin of the Torrey Botanical Club, 5-18.
Pelchat, M. C., & Carange, M. A. (2019). CET AUTOMNE, DÉVELOPPONS DES INTERACTIONS! Vecteur Environnement, 52(3), 46-47.
Raymond, S., Guesdon, G., Martin, A. D. S., & Galvez-Cloutier, R. Diagnostic environnemental du Lac Sergent: Caractérisation des sédiments et qualité de l’eau de surface–année 2014.
Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). (2020). Guide sur la gestion des espèces aquatiques exotiques envahissantes.
Partenaire financier
Ce projet a permis de mieux connaître l’état des milieux aquatiques de Nominingue face à l’envahissement par le myriophylle à épis. Grâce à une approche rigoureuse et collaborative, la municipalité dispose désormais des données nécessaires pour orienter ses actions futures. La réalisation de ce projet a été rendue possible grâce au partenariat financier de la municipalité de Nominingue, que nous remercions chaleureusement pour son appui dans la protection de ses écosystèmes aquatiques.